Dévoilement d’une plaque en mémoire de Claude Véga « Un comédien à la voix d’or » - Allocution de Delphine Bürkli, Maire du 9e arrondissement de Paris - 11 avril 2023

Évènement

Mise à jour le 14/04/2023

« Nous nous retrouvons cet après-midi, un an jour pour jour après la disparition de votre compagnon, de votre ami, et si vous le permettez, chère Arlette, de notre cher Claude. Lui qui avait choisi de porter le nom d’une étoile, l’une des plus brillantes de la constellation, a rejoint le ciel le 11 avril 2022 et le 9e arrondissement de Paris a vu s’envoler alors une partie de son histoire. Il nous faut lever les yeux désormais pour continuer à l’admirer, faire vivre sa mémoire ici, nous souvenir de ces moments de vie partagés avec cet être aimé, aux mille talents.
Depuis une semaine, et grâce à vous chère Arlette, nous accueillons une exposition intitulée « Claude Vega, un comédien à la voix d’or » que vous avez imaginée et conçue, avec toute l’affection que vous portiez à Claude.
Le dévoilement de cette plaque qui nous rassemble ici devant le 42 rue des Martyrs en ce début d’après-midi marque la première étape de cet hommage qui se poursuivra, vous l’aurez compris, ce soir et jusqu’au 3 mai.
La vie de Claude Vega, elle fut exemplaire. Celle d’un homme exceptionnel à la vie ordinaire.
D’une vie qui a commencé dans l’entre-deux-guerres, derrière cette porte du n°42 de la rue des Martyrs. Le 2 juin 1930 précisément, jour de sa naissance, Claude Vega de son nom de famille Thibaudat, devenait un habitant du 9e arrondissement qu’il n’aura jamais cesser d’être.
Pendant les vingt premières années de sa vie, c’est ici aux côtés de ses parents Marguerite et Alexandre et de son frère Jean-Jacques qu’il a grandi rêvant plus ou moins secrètement de scène. Son goût du théâtre, il l’a cultivé très tôt. Il le devait notamment à ses tantes Jane et Madeleine avec qui il découvrit jeune, la Comédie française.
Si le 9e arrondissement est indissociable de l’œuvre de Claude Vega, c’est ici, derrière cette porte du 42 rue des Martyrs que tout a finalement commencé. Cette adresse qui fut le lieu non seulement de son enfance mais aussi le théâtre de ses premières émotions.
Dans un quotidien rythmé par la guerre et les rationnements, cet immeuble a symbolisé la vie, la joie et le besoin d’évasion pour Claude et ses camarades de la rue Navarin, parmi lesquels un certain François Truffaut, son ami d’enfance, avec qui il fit les quatre cent coups et monta le théâtre « Etoile Véga », qui fut en somme sa toute première scène. À chaque spectacle imaginé par le jeune Claude, le voisinage se pressait pour venir l’applaudir. C’est ici aussi que dans la clandestinité la plus totale sa maman Marguerite, consciente des risques qu’elle encourait, cachait un voisin, votre père chère Marie-Claire Ras, dans le laboratoire désaffecté situé au fond de la cour de cet immeuble. Sans vendre la mèche, Claude âgé d’une dizaine d’années seulement a vu dans cet endroit clandestin, un formidable espace pouvant assouvir sa soif de création.
Alors, oui, ici, au 42 rue des Martyrs, une étoile est née.
Artiste de music-hall, imitateur des plus belles voix, homme de théâtre et de télévision, habitué des « Top » de Maritie et Gilbert Carpentier, Claude était tout à la fois. Né au début du mois de juin, en bon « gémeaux » qu’il était, il était doté d’un sens aigu de l’observation qui lui permettait d’analyser et de décortiquer ce qui l’entourait. Cette voix à la tessiture aussi rare qu’exceptionnelle, qu’il devait à sa maman, lui offrit un large champ des possibles. Ses imitations de La Callas à Mistinguett en passant par Nana Mouskouri, font de lui le père de l’imitation moderne et continuent d’inspirer des générations d’artistes.
Je vois beaucoup d’amis de Claude cet après-midi, Jalal, Patrick Adler, … d’autres nous rejoindront à la mairie à 18h30. Je veux cependant excuser l’absence de Jean-Jacques Debout, de Bernard Mabille, de Nana Mouskouri et bien sûr de Frédéric Mitterrand, notre ancien ministre de la culture, qui aurait, je le sais, tant aimé être à vos côtés chère Arlette. Ses mots prononcés l’an dernier à l’église Notre Dame de Lorette en hommage à Claude, résonnent encore dans nos cœurs avec beaucoup d’émotion. Claude vivait parmi nous, il aimait profondément son quartier, il était un amoureux du 9e. Si la plaque que nous sommes sur le point de dévoiler ne comblera pas la perte immense que fut sa disparition, son nom et son œuvre resteront inscrits ici durablement et continueront à inspirer des générations d’artistes et à donner, j’en suis sûre, le sourire aux passants qui se remémoreront, en levant les yeux, ses imitations flamboyantes, mais toujours bienveillantes des artistes qu’il aimait.
Je vous remercie »