L'institution
Discours d'investiture de Delphine Bürkli - Samedi 11 juillet 2020
Mise à jour le 15/07/2020

"Mes premiers mots, je veux naturellement les adresser à tous
les habitants du 9e, vous qui m’avez tant portée ces dernières semaines, pour
vous exprimer ma gratitude et ma sincère reconnaissance.
Je voudrais dire ma joie et ma fierté d’être devant vous,
ceinte de cette écharpe bleue blanc rouge …
Vous dire aussi que je mesure la chance d’être ici
aujourd’hui à l’issue de cette période si étrange et bien particulière. Ce
confinement fut pour beaucoup une douloureuse parenthèse. Des femmes et des
hommes ont été gravement malades, certains ont perdu la vie et nous pensons
bien sûr à eux et leurs familles endeuillées.
Ce confinement, ce fut aussi pour nous tous un temps
suspendu qui nous a conduit à réfléchir sur nos vies et nos priorités, un temps
pendant lequel il a fallu répondre aux urgences puis à la sortie du
confinement, faire campagne, une campagne de 2e tour longue et inédite, d’un
mois et une semaine …
Si le débat et la confrontation sont utiles et nécessaires à
toute campagne - c’est d’ailleurs tout l’esprit de ces élections municipales
avec des confrontations d’idées et des projets alternatif - la passion
des idées ne peut pas se transformer en violence, la défense de ses convictions
ne peut pas rimer avec la calomnie. Et pour celles et ceux qui me connaissent,
ils savent que ce n’est absolument pas l’idée que je me fais de la politique.
Cette parenthèse étant refermée, place désormais à l’action et à
l’accomplissement des projets et ils sont nombreux pour le 9e arrondissement de
Paris!

À travers cette victoire, peut-être plus qu’ailleurs, les
habitants du 9e ont d’abord voté pour leur maire, laissant de côté les
étiquettes politiques, pour faire le choix du pragmatisme et de la proximité.
Grâce à eux, je reste une femme libre et indépendante, à
leur service : quelle noble cause !
Avec un mot, le pragmatisme, qui est un des piliers qui
structurent ma conception de la politique au nom de l’intérêt général.
Et je m’adresse à vous tous, nouveaux ou déjà élus de la
majorité et de l’opposition, montrons-nous dignes de notre mandat et
exemplaires dans notre façon de faire de la politique. La période
extraordinaire que nous traversons nous oblige, encore plus qu’auparavant, à la
plus grande humilité.
Le pragmatisme, la proximité, c’est aussi accompagner les
mutations et savoir les anticiper. C’était déjà mon ambition il y a six ans.
Pendant cette première mandature, nous avons d’ailleurs amorcé
la transformation de cet arrondissement et nous allons naturellement la
poursuivre.
Dans beaucoup de domaines nous avons innové … les enjeux
écologiques et environnementaux étaient pour nous une priorité, ils sont
devenus une urgence.

Nous avons été les premiers à réfléchir au traitement et au
recyclage des bio déchets dans les cantines scolaires, à une alimentation plus
durable aussi, au recyclage des mégots de cigarette qui pollue notre
environnement, nos corps et nos océans, à la problématique aussi de la
pollution de l’air intérieur avec la mise en place de capteurs et purificateurs
d’air dans toutes les écoles de l’arrondissement. Précurseurs également dans
notre volonté de concevoir des rues jardins pour végétaliser un arrondissement
très minéral. Là aussi nous sommes un arrondissement à part, dans notre manière
d’élaborer et de co-construire nos projets, ce qui ouvre une réflexion sur
l’idée que lorsqu’on dépasse les clivages politiques, et que l’on décide sans a
priori de porter des valeurs et bien cela cela bouge et cela avance …
On le sait tous, s’annonce dans quelques mois, une crise
économique, elle sera dure à surmonter : la conséquence directe du COVID. Nos
commerces de proximité, nos théâtres, nos artisans, nos indépendants qui constituent
l’âme de l’arrondissement subissent de plein fouet la crise. Je serai à leurs
côté comme je l’ai toujours été lors des événements qui ont touché
l’arrondissement : les attentats de Paris en 2015, la crise des gilets jaune,
et bien sûr le drame de Trévise, qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Je veux avoir une pensée aujourd’hui, en ce jour particulier, pour les
victimes, les blessés, les sinistrés. Trévise reste pour moi un combat de tous
les instants.
L’équipe qui est devant vous aujourd’hui, sera, je
l’évoquais il y a un instant, à votre service. J’ai souhaité leur confier des
fonctions transversales, en phase avec l’évolution de la société.
Transformations numériques, transitions écologique, économique et démocratique
avec le souci constant d’impliquer les citoyens aux grandes décisions de
l’arrondissement. Nous l’avons pratiqué pendant six ans, nous allons bien sûr
continuer.
Parce que la démocratie doit évoluer avec son temps et que
ces transformations concernent aussi bien l’école, que nos déplacements mais
aussi la qualité de vie au quotidien et notre façon de travailler.
Plusieurs axes vont guider nos pas et notre action.

Dans les mois qui viennent, nous continuerons à améliorer le
cadre de vie des habitants, avec la végétalisation de neuf nouvelles rues
jardin, l’aménagement de la place Pigalle qui est très attendu et la création
d’un nouvel espace vert, sur lequel nous travaillons pour accueillir les
familles et leurs enfants dans un lieu où la biodiversité puisse reprendre sa
place. Et puis nous souhaitons donner davantage de place et de confort aux
déplacements non polluants …
Et puis, plus largement nous allons réfléchir, et le sujet
est complexe, à la question du bruit, une forme d’incivilité qui nous oblige à
nous pencher sur la place des engins thermiques donc à la question de nos
mobilités dans la ville.
Pour rendre le 9e encore plus attractif (je rappelle que le
9e est le seul arrondissement à avoir gagné des habitants ces dernières
années), nous allons poursuivre la mise en place de services publics pour
faciliter la vie quotidienne des habitants. La crèche de secours pour dépanner
des familles en rupture de mode de garde sera pérennisée, nous ouvrirons une
ressourcerie, un lieu qui donne une deuxième vie à vos objets, puis nous allons
continuer à promouvoir les commerces de proximité, en ouvrant deux nouveaux
marchés alimentaires, rue de la Trinité et rue Sainte Cécile avec des produits
en cycle courts d’Ile-de-France.

Une ville c’est aussi des espaces communs propres et
sécurisés. Deux sujets qui minent le quotidien des Parisiens.
Concernant la propreté j’ai pendant six ans beaucoup
travaillé sur ce sujet et ouvert un dialogue constructif avec les agents
d’entretien de la Ville. Mais la problématique est bien sûr plus large. Il y a
un problème encore d’inadaptation du matériel et un sous-effectif chronique et
préjudiciable à la qualité de vie des habitants. Et je serai en première ligne
pour obtenir de la Ville des moyens supplémentaires, mais pas seulement. Je
veux une réforme en profondeur du service de propreté pour donner plus de
leviers d’action aux maires d’arrondissement au service de la proximité et de
l’efficacité.
La sécurité est une priorité. Nous serons là aussi fer de
lance pour réclamer des effectifs supplémentaires, mieux formés et proposerons,
en lien avec la Représentation nationale, la création d’une police municipale
pour lutter contre les incivilités et soulager les missions de la police
nationale.
La crise du COVID a percuté de plein fouet notre quotidien.
Et le quotidien du 9e, c’est bien sûr la culture qui irrigue
notre territoire et notre politique depuis six ans. Ses théâtres, ses salles de
spectacle sont toujours fermés et avec eux des centaines d’artistes,
d’intermittents, de techniciens sont sans emploi. La culture doit rester un
formidable levier de développement économique, pour notre territoire, pour tous
nos quartiers avec ses commerces, ses restaurants et ses touristes français et
étrangers … Que serait la rue Richer sans les Folies Bergères et la Scène
Parisienne, la rue de Clichy, sans le théâtre de l’Oeuvre, la Grande Comédie ou
le Casino de Paris, la rue Saint-Georges ou la rue Mogador sans leur théâtre et
je pourrais continuer la liste de nos rues et de nos grands boulevards qui
abritent les joyaux de la scène française …
Cette crise nous oblige à repenser cet éco système précieux
et indispensable, de soutenir ce secteur stratégique sans relâche. Nos
théâtres, nos cinémas, nos salles de spectacle sont notre supplément d’âme. Ces
institutions culturelles doivent de nouveau nous faire rêver et accueillir les
passionnés et les touristes qui ont déserté la capitale …
Et justement le tourisme, là aussi un autre secteur durement
touché. Il faut bien sûr pouvoir de nouveau accueillir des touristes à Paris,
légitimement attirés par notre ville lumière, mais il faut réfléchir là aussi
je crois, à la manière dont ils se déplacent, dont ils consomment et à l’offre
culturelle qui leur est proposée.
Je me suis beaucoup investie dans le précédent mandat sur
ces sujets avec les acteurs des Grands magasins notamment pour que les cars de
tourisme, véritables tankers diesel, ne puissent plus emprunter certaines rues
résidentielles de l’arrondissement. Il faut aller encore plus loin et s’engager
sur la voie d’un tourisme durable.

Mesdames et Messieurs, le mandat de maire est le plus beau
des mandats comme le dit souvent mon ami Edouard Philippe. Parce qu’il
entretient une relation si particulière avec les habitants, tous les habitants,
les enfants, les jeunes, les familles, les seniors, les personnes isolées ou en
difficulté.
Il est le plus beau des mandats mais il est aussi le plus
exigeant parce qu’il oblige à l’action, il demande des résultats et des
réponses concrètes. Il exige du maire et de son équipe une disponibilité sans
faille, beaucoup d’altruisme et de générosité.
Je voudrais terminer ce discours en vous disant que
lorsqu’on s’engage, on s’engage entièrement, pleinement, passionnément. On
prend alors le risque que tout ne soit pas parfait, mais les réussites sont
d’autant plus belles qu’elles sont difficiles. Il faut inlassablement avoir
chevillé au corps, cette conviction, cette énergie, cette sincérité que l’on
agit pour le bien commun et l’intérêt général et faire preuve de beaucoup
d’humilité.
La politique n’a de sens pour moi que si le quotidien des
habitants se transforme, que si les paroles prononcées deviennent des actes. Ce
devoir d’exigence, je vous le dois et il est probablement l’une des clefs pour
réconcilier les Français avec la politique et avec les femmes et les hommes qui
l’incarnent.
Je vous remercie."