Évènement

Discours de Delphine Bürkli - Commémoration du 103e anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918 - 11/11/2021

Mise à jour le 12/11/2022
Discours de Mme le Maire, Delphine Bürkli - En présence des Députés, des élus du conseil d’arrondissement, des anciens combattants, des habitants et avec la participation du Chœur Vercken et de la chorale du Collège - Lycée Jules Ferry
« Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt. Un obus éclatant sur le front de l'armée. Un bel obus semblable aux mimosas en fleur »
Les mots si justes de Guillaume Apollinaire, prononcés à l’instant par Romy, trouvent bien sûr un écho particulier en nous ce matin. Le destin de ce poète au talent immense a croisé celui de la France. Deux jours avant la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, à l’âge de 38 ans, Guillaume Apollinaire s’éteignait. Celui qui aura porté le fusil à l’épaule, en même temps qu’il écrivait ses poèmes bouleversants, n’aura pas connu la fin des combats. Ces combats, il les avait pourtant vécus au plus près, jusqu’à être frappé par un éclat d’obus sur la tempe le 17 mars 1916 au Bois des Buttes. Il en a rêvé la fin, et s’est imaginé cent fois y perdre la vie comme en témoignent si joliment ses mots dans son poème « Si je mourais là-bas ». Guillaume Apollinaire était un grand homme, un poète au talent immense, un combattant volontaire et courageux, mais aussi, et vous ne le savez peut-être pas, un habitant du 9e !
C’est au 9 rue Henner, au cœur de la Nouvelle Athènes, que Guillaume Albert Vladimir Apollinaire de Kostrowitzky de son vrai nom, natif de Rome d’une mère polonaise, puisait l’inspiration nécessaire à l’expression de son talent. Entendre l’un de ses poèmes, ici, dans le 9e arrondissement, en ce jour du 11 novembre où nous sommes rassemblés comme chaque année devant ce monument aux morts, dans la cour de la mairie pavoisée aux couleurs françaises et européennes, revêt une portée symbolique. Je veux remercier sincèrement Romy et l’ensemble des élèves du lycée Jules Ferry qui nous ont offert ce moment d’émotion et de partage. Ce matin, ensemble, nous faisons vivre la mémoire de ceux, tombés au champ de bataille, qui ont donné leurs 20 ans à la France. Et leur nombre est terrifiant : chaque jour, entre août 1914 et novembre 1918, ils étaient 900 jeunes à perdre la vie. Rendez-vous compte, 900 jeunes français, chaque jour ! La grande guerre fut un drame humain, dont la France et l’ensemble du continent européen aujourd’hui portent toujours les cicatrices. Partout sur notre territoire, des familles dans les villes et les campagnes ont perdu un père, un frère, un mari, ou retrouvé celui qu’elles aimaient la gueule cassée et l’âme meurtrie. Si le 11 novembre est en soit synonyme de victoire contre l’ennemi, puisque cette date marque la fin des conflits sanglants ; elle nous invite à prendre conscience, si tant est que cela soit possible, du degré de violence inégalé jusqu’alors, qui a frappé et fracturé notre continent. Il aura fallu attendre le 24 octobre 1922 pour que cette journée nationale du souvenir soit instaurée officiellement par une loi. Quatre ans parce que les parlementaires de l’époque ne souhaitaient pas créer des nouveaux jours fériés ! Cette date du 11 novembre, ce jour de commémoration nationale, nous le devons aux efforts, à l’abnégation, à l’engagement très fort des associations d’anciens combattants français de l’époque -que vous représentez aujourd’hui cher Jean-François Neudin. Depuis 1922, cette commémoration a pris plusieurs visages.
Nous continuons bien sûr à célébrer l’armistice du 11 novembre 1918, mais cette date est aussi l’anniversaire de la cérémonie du 11 novembre 1945, lorsque quinze corps de combattants de la France Libre ont été inhumés, à l’initiative du Général de Gaulle, au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution des résistants par les nazis durant la seconde guerre mondiale, devenu haut-lieu de la mémoire nationale, pour symboliser la participation victorieuse de la France à la Seconde guerre mondiale. A cette occasion, Charles de Gaulle proclamait ces mots « Morts pour la France, mais triomphants comme elle, tombés sur tous les champs de bataille, soit dans la lumière soit dans l’ombre, s’est joué notre destin ; ramenés par tous les chemins de nos douleurs et de notre victoire, voici donc ces morts revenus ».Dans une parfaite symétrie, ce matin, le Chef de l’État rend actuellement hommage sous l’Arc de Triomphe au dernier compagnon de la Libération ayant combattu auprès du Général de Gaulle, Monsieur Hubert Germain, qui s’est éteint le 12 octobre dernier à l’âge de 101 ans. Conformément aux vœux du Général de Gaulle et au déroulé qu’il avait lui-même imaginé en 1945, Monsieur Germain sera inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante du Mont Valérien aux côtés de ses 15 frères d’armes. Vous étiez nombreux, hier, venus de toute la France, à vous recueillir autour de la dépouille du résistant, visage de la France Libre qui reposait sous le dôme des Invalides.
Un dernier adieu pour rendre hommage à travers Hubert Germain aux 1037 compagnons constituant, selon de Gaulle, cette chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de la France. Un dernier adieu aussi qui nous oblige. Qui nous oblige à ne jamais oublier le sacrifice de tous ces hommes, de toutes ces femmes qui sont levés pour dire non à la barbarie et qui ont eu la volonté de construire la paix en Europe. Une paix acquise après tant d’années de haine et de sang sur notre continent et qui depuis 76 ans nous préserve de tous conflits. Une fois n’est pas coutume, je terminerai mon propos en citant Angela Merkel, à quelques jours de son départ de la chancellerie allemande, elle qui a incarné pendant presque deux décennies, l’Europe et la force du couple franco-allemand aux côtés de nos Présidents Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron, dans la lignée et l’héritage de Konrad Adenauer.
« Je crois en l’Europe, je suis convaincue de l’idée européenne … L’Europe n’est pas juste quelque chose que l’on nous a transmis, un destin ou une obligation … Avec l’Europe, et non sans elle, nous pourrons préserver nos convictions et nos libertés ». La paix n’est jamais acquise, elle reste fragile, qui plus est dans un contexte de tensions et de défis majeurs pour notre pays et l’Europe. Alors n’oublions jamais notre passé et regardons l’avenir avec lucidité, confiance et responsabilité.
Vive la République
Vive la France "

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