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Discours de Delphine Bürkli - Commémoration du 104e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918

Mise à jour le 12/11/2022
Discours de Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris - Commémoration du 104e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918
« Lorsque les députés adoptent à l’Assemblée nationale, il y a tout juste un siècle, la loi du 24 octobre 1922, stipulant que « la République française célèbre annuellement la commémoration de la victoire et de la paix … le 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice sera férié », ils n’imaginent sans doute pas que nous serions rassemblés avec vous les enfants, 100 ans après, devant le monument aux morts, de la mairie du 9e, comme dans toutes les communes de France, pour nous recueillir et commémorer la fin de la Grande Guerre, l’une des périodes les plus difficiles et les plus atroces que notre pays ait connue dans son histoire.
Avec pour seul message la paix et la détestation des guerres.
Merci à toutes et tous pour votre présence fidèle.
Merci à vous, Léonie et Salomé d’avoir lus la lettre que « ce petit français » a rédigée en classe en mars 1915 pour les soldats engagés dans ce conflit meurtrier : « Nous pensons aussi à vos malheurs, à vos souffrances, aux dangers que vous courrez … alors nous vous plaignons et voudrions pouvoir vous rendre heureux ».L’insoutenable se verbalise moins à coups de grands discours qu’avec la simplicité d’un langage d’enfant.
C’est tout l’objet de la commémoration, de cette cérémonie qui prend une dimension toute singulière grâce à la précieuse présence des membres du Conseil municipal des Enfants du 9e arrondissement et des élèves de CM2 des écoles Victoire et Chaptal accompagnés par Claire Dagnicourt que je remercie chaleureusement.
Chers élèves, en écoutant vos voix donner vie à ces lettres, à ces poèmes et à ces chants, chacun d’entre nous s’est placé le temps de cette cérémonie à hauteur d’enfant. De là, nous est donné l’opportunité d’interroger l’Histoire dont nous sommes à la fois les héritiers et les passeurs. Cette Histoire partagée est celle de Poilus mobilisés à l’aube du 20e siècle quittant la fleur au fusil leur foyer et leur famille pour se terrer dans le dédale et l’horreur des tranchées. C’est à chacun de ces soldats que ce « petit Français» s’adresse dans cette rédaction. Comme lui, humblement nous ne pouvons que nous incliner devant la bravoure et le sens du devoir de « Ceux de 14 » selon la formule consacrée par Maurice Genevoix. Ceux qui ont mêlé leur sang pour défendre la Patrie, ceux qui ont donné leur jeunesse à la France.
La Grande guerre, ce sont des vies et des visages arrachés, des destins anéantis, des veuves et des orphelins inconsolables, des mariages brisés comme le suggèrent les poèmes d’Apollinaire lus par Ysaure et Lucien.
La Grande guerre, ce sont des femmes engagées et mobilisées. La Grande guerre, ce sont les silences des no man’s land de l’Est entrecoupés de hurlements de douleurs.
La Grande guerre, c’est le froid, les rats, les poux, la faim, la peur, la mort. S’il est établi que nous ne pourrons jamais ressentir ce qu’ils ont vécu dans leur chair, il est de notre devoir de faire vivre leur souvenir et leur sacrifice. Se souvenir. Ne pas oublier. Transmettre. Telle est la boussole des associations d’anciens combattants présentes parmi nous qui œuvrent d’arrache-pied au quotidien. Je tiens à les en remercier et à leur rendre hommage.
Conclu au petit matin dans le silence de la clairière de Rethondes, l’armistice sonnait la fin de quatre longues années de souffrances dans les deux camps et créait les conditions d’une possible paix bien que balayée vingt ans plus tard par les relents revanchards et nationalistes. Au même instant, loin du calme de la forêt de Compiègne, ici dans notre arrondissement, des canons allemands sont trainés sur la place de l’Opéra et sur les Grands Boulevards. Notre hymne national chanté ce matin par les élèves de la chorale des écoles Victoire et Chaptal résonne des Folies Bergère aux grands magasins, place de l’Opera, à deux pas d’ici, où une foule immense est rassemblée, là où la soprano de l’Opéra comique et égérie des Poilus Marthe Chenal, enveloppée du drapeau tricolore entonne la Marseillaise depuis les gradins de l’Académie nationale de musique.
Ce 104e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918 signe la victoire de la France sur l’Allemagne, la fin d’une guerre fratricide entre deux pays désormais amis sinon frères mais rend également possible la paix. L’année 2022 nous aura cependant rappelés à nous Européens, que la paix qui nous semblait acquise sinon immuable, ne l’était pas. Nous pensons bien sûr ce matin au peuple ukrainien qui se bat et résiste, nous passons aussi au peuple arménien en grand danger.
Cet idéal de paix prend un sens tout particulier au moment où vient de résonner l’hymne européen sublimé par le Chœur Vercken accompagné par la talentueuse violoniste Maria Christiany que je tiens à remercier sincèrement.
En ce jour, souvenons-nous également du 11 novembre 1940 où lycéens et étudiants parisiens ont bravé au péril de leur vie un Paris cadenassé par les nazis pour célébrer sur les Champs Elysées l’armistice de 1918.L’actualité brûlante nous exhorte à la vigilance et au combat. Charge à nous, en Français, en Européens et en universalistes, de nous tenir à la hauteur du moment qui se présente, en nous rassemblant sur ce qui nous unit plutôt qu’en nous éloignant sur ce qui nous distingue. Les moments de doutes et les crises que nous traversons sont le formidable révélateur des ressources humaines dont regorge notre pays. Celles-ci sont, au même titre que les jeunes consciences présentes à nos côtés ce matin, autant de raisons d’espérer.
Vive la République !
Vive la France ! »

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