Journée internationale de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité - Allocution de Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement
Actualité
Mise à jour le 30/01/2023
Allocution de Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris
"Steve, Tony, représentants des
cultes, élèves du lycée Jules Ferry,
Mesdames et Messieurs en vos
grades et qualités,
En ce 27 janvier, nous voici
rassemblés, comme chaque année, dans cette cour d’honneur de la mairie du 9e
arrondissement, pour perpétuer la mémoire de celles et ceux qui ont été
victimes de la pire obscurité de l’âme humaine, au cours de la seconde guerre
mondiale, victimes de la barbarie nazie. Pour ne jamais oublier, il faut
continuer à dire, il faut continuer à montrer les images, insoutenables, à se
rassembler autour des derniers témoins, car l’inimaginable, l’horreur absolue
ne doit pas pouvoir survenir à nouveau.
Au matin du 27 janvier 1945,
les soldats de l’Armée rouge poussaient les grilles du camp d’extermination
d’Auschwitz-Birkenau. Dans un froid bien plus saisissant que celui que nous
affrontons ce matin, l’Armée rouge découvrait alors sept mille rescapés, torses
et côtes saillants, bouches ouvertes, yeux caves dévorés par la vermine,
ventres tuméfiés. Une odeur de mort flottait, terrible et obsédante avec
des restes humains et des monceaux de cendres, le terril de la mort. Dans ces
plaines de Silésie, la vérole nazie gaza, assassina puis brûla six millions de juifs.
Il y a vingt ans, en octobre
2002, l’adoption de la déclaration instituant une journée de mémoire de la
Shoah et de prévention des crimes contre l’Humanité par les ministres européens
de l’Education a rendu possible l’inscription de cet abominable souvenir dans
la mémoire franco-allemande. Fixée au 27 janvier sur chacune des rives du Rhin,
cette journée fait désormais date et la mairie du 9e arrondissement l’a fait
sienne depuis notre arrivée à la mairie.
Il y a trois ans, nous avions
choisi cette date pour dévoiler aux côtés du comité français pour Yad Vashem,
une plaque en mémoire des Justes parmi les Nations du 9e. Ces héros ordinaires
étaient animés de la même bravoure qu’Andrée Pauly Santoni, héroïne du 9e mise
à l’honneur dans la nouvelle lue par, vous, les élèves du lycée Jules Ferry. En
femme intègre et pétrie d’humanité, elle prit le risque de cacher ses deux
jeunes élèves Gilberte et Hedy Nissim dans un Paris cadenassé par les Nazis. Ces
récits de Justes parmi les Nations restent une lumière qui éclaire les moments
les plus sombres de notre histoire et nous appelle, encore et toujours, à la
plus grande vigilance.
Car oui, les actes antisémites
ne sont hélas pas un vestige du passé. L’antisémitisme n’est pas mort, il sévit
chaque jour, encore dans notre pays, et nous devons l’affronter sous toutes ses
formes avec lucidité et détermination. C’est ce que nous avons dû faire en
début de semaine, après avoir découvert, des inscriptions ignobles sur du
mobilier urbain et sur les façades de certains commerces. En 2023, c’est le
retour des vieux démons qui ressurgissent. L’enquête que nous avons demandée
dès dimanche à la Préfecture de police avance. Ces actes inadmissibles seront
punis et les auteurs condamnés.
Comme vous, je ne céderai
jamais sur rien. Nous devons rester implacable et être toujours clair avec nos
valeurs et celles de la République. Ne faire absolument aucune concession et
poursuivre sans relâche ce travail de mémoire, un devoir de mémoire entre les
générations, comme nous le faisons ce matin avec vous chers élèves, avec vous,
Steve Suissa, Tony Harrisson, Madame Boury, et vous tous présents à nos côtés
ce matin. Je vous remercie tous très sincèrement."