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DISCOURS DE DELPHINE BÜRKLI - COMMÉMORATION DU 100E ANNIVERSAIRE DE L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918

Mise à jour le 13/11/2018

Discours de Delphine Bürkli

Maire du 9e arrondissement de Paris - Conseillère régionale de Paris île-de-France

"Chers représentants des associations d’anciens combattants,
Chers membres du Conseil municipal des enfants du 9e,
Chers élèves du collège Jules Ferry,
Cher amis du Chœur Vercken,
Chère Thérèse Bisch,
Monsieur le Député, cher Sylvain Maillard,
Chers élus, chers Collègues,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Il aura fallu attendre le 11 novembre 1918 à 11h, pour que l’abominable guerre engagée 52 mois plus tôt prenne fin … enfin.
À cette heure précise et dans les 36 000 communes françaises, du moins celles qui n’ont pas été détruites par les combats, les cloches se sont mises à sonner à toute volée. A cet instant, sur les grands axes de la capitale, des scènes de liesses mémorables éclatent. Des canons allemands sont trainés sur la place de l’Opéra et sur les Grands Boulevards. Dans les grands magasins, on entonne La Marseillaise, comme dans le hall des Folies Bergères, où on se lance dans une bataille de joie, les refrains de God save the King et de la Madelon, tandis que les ouvriers sont autorisés à quitter leur atelier. Les milliers de passants acclament Georges Clemenceau qui remonte à pied le Boulevard Saint Germain pour recevoir, à la Chambre, l’hommage des députés.
Peu à peu, les soldats sortent des tranchées. Quelques lignes, consignées sur le front, laissent entrevoir l'émotion qui saisit alors les troupes engourdies. «Te dire notre joie à tous est impossible, écrit ainsi un soldat anonyme à sa mère. Ma première pensée a été pour ceux que j'aime, pour toi, ma chère vieille maman, qui vas retrouver ton pays redevenu français.» À 10h50, l’agent de liaison Pierre-Auguste Trébuchon, affecté au 415e régiment d’infanterie est mortellement atteint d'une balle dans la tête alors qu'il courait porter un ultime message sur le front. Âgé de 40 ans, il est réputé être le dernier des 1 394 000 soldats français tués au champ d'honneur entre 1914 et 1918.
C'était il y a 100 ans. Cent longues années mais une éclipse au regard de l’histoire du monde. 1918, c’est à la fois hier et il y a une éternité. Les traces de cet épisode dramatique de l’Histoire du vieux continent sont aujourd’hui majoritairement manuscrites et perdurent par la transmission, de génération en génération. Cette transmission, portée notamment par vous, Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants - à qui je veux rendre un hommage appuyé - a non seulement pour rôle de faire vivre la mémoire et de commémorer ceux qui ont donné leurs vies à la France, mais aussi surtout de comprendre notre histoire pour ne jamais être condamnés à la revivre. Et il est absolument essentiel, que vous les jeunes écoliers et collégiens, membres du conseil municipal des enfants, vous soyez présents à nos côtés ce matin, même si le rapport que vous avez au passé, il faut bien le dire dans cette société de l’immédiateté, a complètement changé par rapport à nous qui sommes plus âgés que vous, vos parents et grands-parents.
Il reste cependant que la Grande Guerre tient une importance capitale dans la sensibilité et l’imaginaire des français. Elle a affecté et continue d’affecter en profondeur notre société. Chacune et chacun d’entre nous, ici présent, a perdu un des leurs dans ce conflit, un grand-père, un grand-oncle, … Et on reste toujours frappé lorsque nous arrivons au centre des villages de France par la présence du monument aux morts et du nombre de noms de tués gravés. Ce fut une hécatombe et la mémoire de cette guerre rassemble tous les français.
Des horreurs de cette guerre a émergé un nouvel ordre mondial avec cette grande idée d’une Société des nations où les États régleraient pacifiquement leurs conflits par l’arbitrage international, où chacun respecterait les droits de l’homme et en particulier celui des minorités. Cette idée est même sortie renforcée de la seconde guerre mondiale avec l’ONU et la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Un siècle après et 70 ans de paix sur le continent européen, où en sommes-nous? Face au repli identitaire de certains et à la tentation par d’autres et non des moindres, de faire voler en éclats le multilatéralisme, il nous faut se battre sans relâche pour préserver nos instances onusiennes, faire jouer le dialogue et non les armes entre les nations. Dès lors, la question européenne est plus que jamais d’actualité, et quelles que soient les critiques que nous pouvons émettre parfois sur nos institutions, cette union des peuples européens continue à nous garantir la paix et la liberté ce qui suppose que nous restions absolument unis face aux défis qui sont les nôtres aujourd’hui, des défis principalement économiques et migratoires.
La paix entre les peuples, c’est le fil rouge de toute votre oeuvre, chère Thérèse Bisch. Vous qui êtes le peintre officiel du centenaire 14-18, vous croquez les scènes de souffrances comme les scènes de retrouvailles et de soulagement, nous faisant presque ressentir l’émotion qui était celle de ces soldats partis au front, toujours avec dévouement, pour servir leur pays. Votre travail, qui me touche personnellement, parle à toutes les générations. Les jeunes et les moins jeunes y voient l’image d’un monde qu’ils ont appris à l’école, ou bien en écoutant leurs parents et grands-parents ou encore en lisant les archives familiales.
A l’occasion de cette cérémonie exceptionnelle en souvenir de l’armistice signé il y a tout juste 100 ans et avec mon Premier adjoint Alexis Govciyan, nous avons souhaité que la Mairie puisse honorer votre démarche, chère Thérèse. Après l’exposition de vos œuvres en 2015 dans cette mairie qui est la vôtre, vous la citoyenne engagée du 9e, j’ai souhaité que la Mairie du 9e fasse cette fois l’acquisition d’une peinture que vous avez réalisée spécialement pour la commémoration du Centenaire. Vous avez choisi de lui attribuer un titre qui résonne en chacun d’entre nous « La Paix – 1918 ». Nous aurons la chance de la découvrir dans quelques instants au cœur des salons Aguado. Cette œuvre, je l’ai souhaitée notamment pour vous, les enfants du 9e, merveilleusement représentés aujourd’hui. Vous, qui avez exactement l’âge des écoliers qui dessinaient à l’époque leur vision de la Grande guerre en 1918, et dont vous découvrirez les reproductions dans quelques instants dans les salons derrière vous. De la vie courante, au travail des femmes en passant par la mort d’un père parti sur le front, les nombreuses conséquences que la guerre eut sur la vie de la société y sont traitées. Leur regard d’enfant donne un prisme nouveau à cet événement historique. Une certaine sensibilité que l’on retrouve que rarement quand on évoque ce drame de notre histoire. Merci à Denis Saulou et à l’UNC pour cette belle initiative.
Et puis dans quelques heures, un certain nombre d’entre vous, représentants des anciens combattants et jeunes élèves de notre beau territoire, assisteront à un très beau spectacle musical en l’honneur de Georges Clemenceau. Nous honorerons ainsi celui qui clama devant la Chambre députés le 20 novembre 1917 « Nous voulons vaincre pour être justes ». 100 ans après, cette phrase doit continuer de guider notre action.
Vive la République, vive la France !"

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