Commémoration de la Libération de Paris - Allocution de Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris - 25 août 2023
Actualité
Mise à jour le 25/08/2023
"Cette
cérémonie commémorative qui nous rassemble ce matin, plus que toute autre,
revêt une dimension particulière.
Pour
nous qui incarnons aujourd’hui ce peuple
de Paris, cette date du 25 août est pour nous tous un moment de communion,
un moment fort qui nous réunit ici chaque année et je veux vous remercier pour
votre présence fidèle, chacun d’entre vous, habitants, anciens combattants,
autorités civiles, religieuses et militaires.
Parce
que nous portons en nous, inscrit au
plus profond de nous, l’héritage de cet esprit de Libération qui a animé,
il y a 79 ans, des milliers d’hommes, de femmes, d’anonymes, de résistants : le
refus de l’injustice, le sens du courage, de l’engagement … et de l’honneur. L’honneur, bien plus qu’un mot pour le
Général Georgelin qui nous a quittés la semaine dernière.
L’honneur, pour lui, c’était une éthique, sa ligne de vie, je
voudrais vous citer cette phrase qui m’a beaucoup marquée et qui fait écho aux
combats de celles et ceux que nous honorons ce matin : « l’honneur est une valeur qui appelle le dépassement de soi, le risque
de sa vie parfois, l’engagement pour une grande cause, le mouvement en avant
qui attire le respect de soi-même et la considération d’autrui ».
Jean-Louis Georgelin allait même plus loin en souhaitant que l’éducation
nationale s’empare de ce mot et l’enseigne aux élèves. Parce que disait-il « cela renvoie à la notion de civisme, à la
volonté de servir, en tant que citoyen, sa communauté nationale, son pays, sa
patrie ». Un hommage national lui est rendu en ce moment même par le
Président de la République, en ce jour du 25 août, tout un symbole. Parce qu’il incarnait la force et le
courage et était lui aussi, à sa manière, comme le peuple de Paris, un esprit
rebelle. Je nourrissais pour lui un profond respect et je veux garder en
mémoire son sourire et sa fierté lorsque nous nous étions retrouvés il y a plus
d’un mois maintenant au pied de Notre-Dame lorsque les charpentes commençaient
à être installées. Pour qu’elle retrouve
son vrai visage, celui qu’elle avait le 26 août 1944, pour accueillir le
Général de Gaulle dans un Paris libéré. Mes pensées vont aujourd’hui en
direction de sa famille, de ses proches et de la formidable équipe de
bâtisseurs de Notre-Dame qu’il avait constitué auprès de lui.
Ce
25 août, nous honorons la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont
combattu pour libérer Paris, au péril de leurs vies, qui ont combattu pour nos
valeurs, nous nous inclinons et pensons à tous ceux qui, comme vous, Micheline,
Gabrielle, Danièle, ont souffert dans leur chair des affres de cette deuxième
guerre mondiale qui a frappé des millions d’êtres innocents traqués, détruits
en masse, froidement, méthodiquement, industriellement, et nous n’oublierons
jamais.
La
libération de Paris, le 25 août 1944, c’est avant tout un processus
progressivement construit, un incroyable mouvement de forces vives civiles et
militaires qui s’engage dès 1940. La France s’organise dans la clandestinité,
car elle n’accepte pas la défaite, la capitulation du gouvernement de Vichy et
l’occupation nazie qui s’en est suivie. Les Parisiennes et Parisiens sont aussi
aux avant-postes de l’organisation de la Résistance.
En
ce vendredi 25 août 1944, ici, dans le 9e, comme partout dans Paris, résistants
anonymes, gardiens de la paix ou grades de la Préfecture de police de Paris, sapeurs-pompiers,
de milliers d’hommes et de femmes se soulèvent et s’engagent au péril de leurs
vies pour libérer Paris, guidés par un idéal incarné par le Général de Gaulle,
Philippe Leclerc de Hauteclocque, Jacques Chaban Delmas, Henri Rol Tanguy, eux
qui ont préparé secrètement l’insurrection au lendemain du 6 juin et du
débarquement des alliés en Normandie.
Après 1500 jours, soit quatre
interminables années d’Occupation, la France redevient la France avec Paris, sa
capitale, enfin libre !
Grâce
à des hommes et des femmes à qui nous devons notre liberté, comme à votre père,
cher Gilles-Pierre Lévy. Jean-Pierre Levy fut un grand résistant, chef du
mouvement Franc-Tireur, il faisait partie de ces grands français, comme Henri
Fresnay, chef du réseau Combat, Emmanuel d’Astier La Vigerie chef du mouvement
Libération, et bien d’autres en zones sud et nord qui ont changé le cours de
l’histoire.
Nous
sommes particulièrement honorés de vous accueillir aujourd’hui avec votre
épouse. Vous êtes le président de la Fondation de la Résistance, vous avez en
héritage direct, je dirais in vivo, la mémoire de la Résistance. Nous aurons le
privilège de préparer plusieurs événements, l’année prochaine, pour le 80e
anniversaire de la Libération de Paris.
La résistance, ce sont des milliers d’histoires, de petites
histoires qui ont bâti la grande histoire. Parmi ces milliers d’histoires, de
souvenirs, d’anecdotes, de drames, il y a l’histoire de votre père Jean-Pierre
Lévy et celle de votre oncle paternel, cher Marc, Léandre Medori qui est entré
dans Paris le 26 août 1944. Merci pour votre témoignage et de nous avoir fait
revivre ce moment d’histoire, votre histoire. Léandre, comme ses camarades de
combat était dans la modestie des grands de ceux qui font l’histoire et qui ne
cessait de répéter « Dieu que c’est grand Paris ».
Enfin,
parce que c’est d’actualité ici dans notre mairie avec cette exposition dans
les salons Aguado, que je vous invite à découvrir, notre arrondissement c’est
aussi l’histoire dans la résistance des parents de Charles Aznavour, et leur
prise de risques insensée pour cacher Missak Manouchian chef des FTP MOI, que
les nazis ont fusillé le 21 février 1944. N’oublions jamais le sacrifice de tous
ces étrangers, juifs, arméniens, espagnols, roumains et bien d’autres, tous,
morts pour la France.
Ces
visages connus ou anonymes, de Paris ou venus de bien plus loin, étaient ceux
de la Libération de Paris. Qu’ils s’appellent Léandre ou Madeleine, nous savons
ce que nous leur devons, car le vendredi 25 août 1944 ne fut pas seulement le
crépuscule d’une stratégie courageusement mise en œuvre quinze jours plus tôt,
mais également celui de quatre longues années d’Occupation. Le vendredi 25 août
1944 fut l’aube d’un nouvel espoir pour Paris, et par ricochet pour la France,
pour l’Europe et pour le monde.
Chers
anciens combattants, nous vous réaffirmons notre engagement à vos côtés pour
maintenir cette mémoire vivante, pour qu’elle ne se confine pas seulement dans
le passé mais pour qu’elle puisse aussi se projeter dans l’avenir. Pour
permettre collectivement de préparer de nouvelles générations de citoyens
éclairés, inspirés par la bravoure et le sens du devoir de tous ces héros
connus ou inconnus, tous présents dans notre mémoire collective.
Vive
la République ! Vive la France !"